Comment préparer une Carte aux pommes ? Partie 2

L’art de la cartographie en 7 Étapes, suite et fin.

Dans la première partie, je vous présentais comment bien préparer tous les ingrédients nécessaires à la réalisation d’une délicieuse Carte aux pommes.

Partie 2 : des cartes qui ont du goût.

On continue la recette, avec mon sujet préféré : la présentation. Du choix des couleurs à la création de la légende, comment faire pour réaliser une carte accessible et rapidement lisible ?

1. Assaisonner avec des couleurs.

Assurer la lisibilité.

Je ne le dirai jamais assez, la lisibilité est primordiale ! À quoi bon faire des cartes si personne n’arrive à comprendre son contenu ? Et en ce qui concerne les couleurs d’une carte, l’aspect majeur sur lequel il va falloir jouer est le contraste.

La couleur a deux qualités majeures : son fort pouvoir différentiel, qui tient aux capacités qu’a l’œil humain de reconnaître une très vaste diversité de teintes, et sa grande valeur esthétique. 

Béguin M., Pumain D. (2005). La représentation des données géographiques. Armand Colin.

Pour les cartes destinées à l’impression, comme c’est le cas pour les plans de ville et les affiches des côtes bretonnes de Cartes aux pommes, les couleurs primaires sont le cyan, le magenta et le jaune additionnées de noir. On parle d’impression en quadrichromie. Les couleurs sont obtenues grâce à des combinaisons entre les trois couleurs primaires et le noir. Ces combinaisons fournissent une vaste, très vaste palette, de teinte dont la composition est mesurée en pourcentage. 

Fenêtre couleurs du logiciel Illustrator pour composer sa palette.Cette teinte orangée est obtenue par superposition de 0% de cyan, de 30% magenta, de 50% de jaune et de 0% de noir.

Lorsque l’impression est de qualité, on peut considérer qu’il faut minimum 20% de différence de valeur entre deux tons (par exemple un vert clair et un vert plus foncé) pour qu’ils puissent être facilement différenciables. Pour assurer le coup et éviter toute ambiguïté, je privilégie une différence de 30, voire de 40% lorsque je travaille la gamme colorée des cartes.

L’ingrédient secret : la sémiologie graphique

La sémiologie graphique est le langage qui permet la traduction graphique d’une information. La couleur est une des variables visuelles utilisées dans ce langage pour séparer des éléments cartographiques de nature différente.

C’est la variable visuelle qui transcrit avec le plus d’efficacité l’information qualitative. Toutes les grandes cartes d’inventaire (cartes géologiques, pédologiques, climatiques, d’utilisation du sol…) utilisent abondamment la couleur.

Béguin M., Pumain D. (2005). La représentation des données géographiques. Armand Colin.

C’est ce langage (plus ou moins) universel qui vous permet d’appréhender rapidement les informations portées sur un fond de carte. Les couleurs ne sont pas choisies au hasard mais en fonction de leur capacité à véhiculer une information précise. Par exemple, le vert est souvent utilisé pour représenter les espaces naturels, tandis que le bleu servira plutôt aux éléments hydrographiques. 

Zoom sur les détails de la légende du plan de la ville de Lyon.Exemple de la gamme colorée choisie pour le plan de la ville de Lyon.

L’idée est d’utiliser des couleurs dites évocatrices, c’est-à-dire qui sont à la fois rapidement perceptibles et identifiables du fait de l’habitude créée par ces conventions. Ces couleurs permettent une économie de temps non négligeable dans la lecture de la carte.

En fonction du sujet traité par la carte, on peut plus ou moins s’amuser à s’affranchir de ces conventions. 

Grâce à la sémiologie graphique, la carte devient un langage visuel, capable de raconter une histoire en un simple coup d'œil.

2. Enfourner avec une légende savoureuse.

Pour la réalisation de chaque carte, une petite gymnastique cérébrale est nécessaire pour garantir une bonne compréhension de l’information via la légende. Elle doit être claire et simple.

C’est un élément essentiel pour la compréhension de nombreuses cartes mais certaines cartes peuvent s’en passer.

Parce que vous avez toujours plus ou moins été exposé aux cartes sur les plans du littoral breton, par exemple, vous parvenez à déterminer où sont les villes, les plages et la mer.

Zoom sur la carte de la presqu'île de Quiberon où les plages sont représentées en jaune, la mer en bleu et les zones urbaines dans une couleur plus foncée.Sur ce type de carte, un choix approprié de couleur permet de se passer de légende.

A l’inverse pour les plans de ville, une petite explication peut sembler judicieuse. Et pour que la légende soit facilement compréhensible et applicable à la carte, mieux vaut qu’elle soit rapidement lisible et compréhensible.

Plus le format de la carte est petit, moins on peut porter d’informations sur le fond de carte. Cette variation doit aussi être répercutée sur la légende.

Comparaison des légendes du plan de la ville de Bordeaux format 30 x 40 cm (à gauche) et format A4 (à droite).Comparaison des légendes du plan de la ville de Bordeaux format 30 x 40 cm (à gauche) et format A4 (à droite).

Il faut se mettre à la place du lecteur et arriver à prendre suffisamment de recul sur son travail pour trouver les termes et le design qui parlera. C’est un p’tit travail de tordage de cerveau que j’aime bien faire. 

3. Adapter la recette pour tous les goûts.

Chaque plan de ville est disponible en différents formats pour satisfaire aux contraintes de décoration d'intérieur de chacun.

Pour que la lisibilité (oui je sais, encore elle) soit toujours garantie, il faut nécessairement adapter la quantité d’information portée sur le fond de carte au format de l’affiche une fois imprimée. Plus le format de la carte est grand, plus la carte est détaillée. Le format le plus grand proposé sur la boutique est le format Gourmand de 50 x 70 cm. C’est le grand format le plus facile à encadrer. Au delà, il y moins de choix dans les matières, les couleurs… à moins de faire appelle à un.e encadreur.euse pro, ce qui ne représente pas le même budget.

Photo du plan de la ville de Rennes format Gourmand encadré.Le plan de la ville de Rennes format Gourmand encadré. 

Sur ce format la légende donne le détail de la répartition des types d'occupation des sols. C’est le même niveau de détail que lorsque je télécharge la base de données OpenStreetMap, donc la plus fine. Vu le format, j’ai pu me permettre de rajouter le nom des espaces les plus étendus, des rues principales et des rues secondaires. 

Le format Goûter de 30 x 40 cm proposera le même niveau de détail dans la légende que le format Gourmand mais en jouant sur la superposition des calques d’informations je vais pouvoir simplifier et adapter la lisibilité du message à ce format. Par exemple, le calque sur lequel est dessiné le moindre petit bout de terrain enherbé sera visible sur le format Gourmand, mais n’apparaitra pas dans les zones résidentielles sur le format Goûter pour ne pas parasiter la lecture globale.

Comparaison des zones enherbées du plan de la ville de Rennes format Gourmand (à gauche) et format Goûter (à droite).Comparaison des zones enherbées du plan de la ville de Rennes format Gourmand (à gauche) et format Goûter (à droite).

Ce format plus petit, ne permettra pas non plus de conserver toutes les informations typographiques du format Gourmand. On retrouvera donc un niveau de détail moins important dans les noms de lieux et de rues.

Enfin, le format Encas, qui correspond à un A4, est une version simplifiée des deux plus grands. La légende est beaucoup moins détaillée et correspond à des regroupements d’information.

Présentation des plans de la ville de Saint-Malo format Goûter et Encas encadrés.Le plan de ville de Saint-Malo format Goûter et Encas.

La diminution du format et la taille minimum de typo nécessaire à la lecture ne permet de conserver que le nom des espaces les plus étendus comme point de repère.

En ce qui concerne les cartes du littoral breton, l’objectif est de représenter votre coin de côte préféré de la façon la plus détaillée possible. C’est donc la superficie de la zone cartographiée qui va déterminer le format de la carte.

Comme pour les plans de ville, j’ai choisi un format maximum de 50 x 70 cm, qui permettra de trouver facilement cadre à votre carte, quels que soit la matière et le prix qui vous convient.

Le soin du détail.

Bien que l’informatique soit fantastique, toutes les passerelles entre logiciels ne sont pas simples et infaillibles. Il faut toujours vérifier la cohérence des informations. Pour la lisibilité des typos, l’intervention humaine reste indispensable, car une règle valable pour un point géolocalisé ne l’est pas forcément pour son voisin.

En moyenne, j’ai besoin de 30h de travail pour la réalisation d’une carte. Une fois la réalisation achevée, je passe la main Sel de Pixel, laboratoire photo numérique à Rennes, pour l’impression. Cette étape apportera la touche finale à la carte et c’est grâce à leur professionnalisme que je peux vous proposer des cartes aux couleurs éclatantes pour des souvenirs qui durent.

Envie de voir ce que ça donne pour votre coin préféré ? C’est par ici !

 

Retour au blog